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Témoignage sur la phobie scolaire : Camille

Témoignage sur la phobie scolaire : Camille

Continuons nos rencontres, témoignages sur la phobie scolaire : aujourd’hui, c’est Camille qui nous offre son histoire.
Quel parcours !
Nous nous sommes rencontrées un peu avant l’été, j’ai découvert une jeune-femme posée, souriante, son bébé dans les bras, une merveilleuse petite fille attentive au récit de sa maman.
Une sacrée histoire de vie avec une résilience à toute épreuve.
Alors Bravo Camille pour un tel chemin parcouru et surtout merci de nous confier ton histoire.
Merci à vous aussi de nous lire.
Puisse cette rubrique vous aider !!!

Camille

témoignage sur la phobie scolaire : Camille

            Moi, c’est Camille, 30 ans, maman épanouie. Mais pour en arriver là, j’ai du gravir des montagnes, prendre des chemins de traverse, trouver mon oxygène, m’appuyer sur les épaules de personnes solides.

A 16 ans :

            Mon parcours du combattant a débuté dès la rentrée en classe de 1ere scientifique. Les multiples sensations : étouffer, manquer d’air, avoir des fourmis dans les jambes, la tête qui tourne. J’étais loin de m’imaginer vivre cela tous les jours de cours et pourtant c’est devenu mon quotidien.

            Rapidement, je me suis retrouvée à l’infirmerie. C’est d’ailleurs là que l’infirmière m’a parlé de phobie scolaire. J’ai fait des recherches sur internet et à ce moment là, je me suis dit : « Non, pas moi ! Ça n’arrive que chez les autres ! » Mais aujourd’hui, avec le recul, je peux vous le confirmer, ça peut toucher n’importe quel jeune.

Pourquoi ?

            Après bien 10 ans de suivi et thérapie en tout genre, j’ai pu mettre en évidence les causes de ce mal-être :

  • le HP non diagnostiqué, mais surtout l’hypersensibilité qui l’accompagne
  • le harcèlement, entre pairs mais aussi de la part de certains professeurs
  • un stress post-traumatique après une agression en rentrant du collège

Et mon inconscient savait très bien qu’en s’attaquant au système scolaire, ça toucherait ma mère, institutrice.

            Mais bien sûr, à ce moment là, j’ignorais tout cela. J’étais mal au lycée, jour après jour. Et pourtant je prenais sur moi et je continuais d’y aller, malgré les nuits blanches du dimanche au vendredi, et 10 minutes de cours par jour. Forcément à ce rythme là, j’allais redoubler mais mon pédopsychiatre souhaitait que je coupe le cordon avec ma mère.

témoignage sur la phobie scolaire le harcèlement souvent à l'origine
Le harcèlement souvent à l’origine de la phobie

Nouveau lycée

            Je suis donc partie en internat, dans un nouveau lycée. Je n’avais aucun soucis pour y aller, comme c’était le cas dans dans mon ancien établissement. Je n’avais plus le stress du trajet car j’étais sur place. Mais pourtant, c’était toujours la même chose avec des crises d’angoisses tous les jours. Le point positif, c’était que cet établissement connaissait la phobie scolaire et l’équipe éducative a tout fait pour me soutenir. J’ai eu le droit à tous les aménagements possibles :

  • emploi du temps aménagé
  • ordinateur
  • cours sur clé USB
  • bureau dans une salle a côté de la classe
  • autorisation de sortir de classe sans permission du professeur
  • passage prioritaire au self, et repas a l’infirmerie
  • DS à l’infirmerie
  • CPE qui venait me voir en cas de crise et me changeait les idées (souvenirs : une fois à l’internat, il est venu me voir, et voyant que ça n’allait pas, il m’a proposé de sortir dans la cour pour respirer tranquillement. On est resté jusqu’à minuit dehors.)

            J’étais toujours mal malgré tout ça et j’ai demandé une première hospitalisation. Ce fut la première d’une longue série. A chaque fois, c’était à ma demande. A l’époque, j’étais pas bien du tout. Je ne dormais plus. Je me scarifiais. J’avais des idées noires. Je ne voulais pas mourir mais je souhaitais juste arrêter ma souffrance.

             Pourtant, vous m’auriez croisée dans la rue, j’étais une adolescente comme les autres. Je sortais, je rigolais, je faisais du shopping avec mes amis. Mais dès que l’on me parlait de cours, mon regard s’éteignait, ma gorge se nouait.

Soin-étude

            Ma plus longue hospitalisation, était en soin-étude à Grenoble, toute mon année de Terminale. La journée la plus dure là-bas fut le jour de mon admission. J’ai réalisé que j’étais en psychiatrie. C’est tellement stigmatisé de nos jours, que quand j’ai réalisé, j’étais terrifiée. J’avais ma place en psychiatrie. Après, j’ai fait connaissance avec les autres jeunes du service. J’ai eu mon planning de cours dans les murs de la clinique. Au fil du temps, l’emploi du temps était aménagé en fonction de mes angoisses. Je pensais passer mon bac en 2 ans, pour ne pas me mettre trop de pression. Mais en  fin d’année, lors des convocations aux épreuves, j’ai réalisé que j’étais inscrite pour toutes les épreuves. J’y suis allée, non sans angoisse. Tous les élèves de la clinique bénéficient d’un tiers temps. Du coup, on était tous dans une même salle. J’ai fait une crise d’angoisse durant l’épreuve d’anglais, j’ai rendu « presque » feuille blanche. Le soir, j’ai fait une nouvelle crise d’angoisse, et je ne voulais pas y retourner le lendemain. Soutenue par mes amis et l’équipe soignante, j’ai réussi à y aller.

témoignage sur la phobie scolaire une année à l'internat
une année à l’internat

Et j’ai finalement obtenu mon BAC scientifique du premier coup !!

Et après ?

            Le BAC, c’est bien, mais on ne fait pas grand chose avec … L’année suivante, je suis partie vivre chez une tante, pour faire une prépa concours social. Une année tranquille avec des stages, mais la dépression était toujours là. Ensuite, j’ai fait un service civique. J’avais mon propre appartement. J’ai appris à monter un projet de A à Z et à mieux connaître mes envies dans le monde du travail. J’ai aussi appris à connaître mes limites. Savoir dire STOP avant qu’il ne soit trop tard, c’est très important. Puis j’ai fini par prendre une année sabbatique où je suis allée vivre chez une amie. J’ai fini par prendre contact avec la mission locale. J’y étais déjà allée deux fois auparavant, mais je n’étais pas prête à l’époque. Mais cette fois ci, j’y suis allée en expliquant parfaitement mes blocages et mes envies, mes projets. Ma conseillère m’a trouvé une prépa concours avec deux matinées par semaine. Mais le plus dur, c’est que ça se trouvait dans mon premier lycée, un véritable défi de franchir ce satané portail. Mais la formatrice était vraiment top et a tout fait pour me mettre à l’aise. Arrivée fin mai, je demande une énième hospitalisation car avec la pression des concours, j’étais épuisée.

J’ai eu une convocation pour un oral de sélection, la veille de mon admission à la clinique. C’était 15 minutes de discussion autour du métier. Après 20 minutes, l’examinatrice me dit : « oulà, on n’a pas vu le temps passer, merci pour cet échange ». Le lendemain, je rentrais en clinique et un mois après je recevais mon admission en formation.

            Avec mes parents, on trouve un appartement, à 10 minutes à pieds de mon école, à 5 minutes d’une de mes tantes. Je ne dirai pas que c’était facile tous les jours mais je savais pourquoi je faisais des efforts tous les jours. J’ai épuisé le nombre maximum de jour d’absence autorisée sur deux ans (10j). D’autres jours, je faisais juste acte de présence.

            Durant ma formation

j’ai commencé un suivi avec une psychologue « en OR ». Elle était spécialisée dans la détection des HP, au début je souhaitais passer les tests. Mais financièrement, c’était compliqué et elle m’a expliqué que vu mes fragilités, je n’étais pas en état pour passer des tests. Il fallait commencer par me stabiliser émotionnellement. Alors on a fait un simple suivi. Elle m’a fait des séances d’EMDR pour traité mon SSPT. Après un certains temps, elle m’a dit : « cherche pas, tu es HP. Si tu veux tu peux passer les tests. Mais je n’ai aucun doute. » Passer les tests m’aurait permis de mieux connaître mes points forts et points faibles, mais financièrement, ce n’était pas possible. Alors j’ai continué comme ça, et je me suis renseignée en lisant des livres.

            Arrivée en fin de formation, j’avais un dossier à rendre. Mais une semaine avant la date butoir, je n’avais fait que le brouillon de la première partie. Ma psychologue m’a retrouvée en pleurs le lundi matin. Elle m’a proposé de venir dans son cabinet pour travailler et de mettre à ma disposition sa secrétaire. Alors jusqu’au jeudi soir, j’étais là-bas. Le mardi, j’ai fait mon brouillon. Le mercredi, j’ai pleuré dans les bras de la secrétaire, et ma psychologue est venue me faire respirer calmement entre deux RDV. J’ai fini de rédiger au propre mon dossier. Le jeudi, la secrétaire m’a aidée à corriger mes fautes et faire la mise en page. Le vendredi, mon dossier était fini, imprimé et relié. J’ai pu le rendre dans les temps.

            J’ai obtenu mon diplôme !

Et j’ai trouvé du travail immédiatement dans un de mes lieux de stage. J’ai travaillé 6 mois. Mais j’avais encore un traitement lourd à l’époque. Et j’étais bien trop fatiguée pour continuer comme cela. Le problème c’est que dès que je diminuais le dosage en accord avec mon médecin, j’avais des effets secondaires insupportables dus au sevrage. J’ai donc été mise en arrêt et j’ai demandé une dernière hospitalisation pour sevrage médicamenteux.

            A ce jour

je n’ai pas repris le travail, bien que l’envie soit là. Mais il faut dire que la vie en a décidé autrement. J’ai un copain depuis 5 ans. On s’est installé ensemble. Il devait supporter mes angoisses au début de notre relation. Grâce à lui, j’ai réussi a sortir d’une phobie sociale suite à la dernière hospitalisation. J’ai adopté un chien il y a 3 ans, pour me forcer à sortir. J’ai stressé à l’annonce du confinement, à tel point que j’en ai perdu tous mes cheveux, mais finalement, j’ai réussi à passer cette étape. Puis j’ai du m’occuper de sa fille qui est venue vivre chez nous. J’ai finalement réussi à arrêter mon traitement. J’attendais 3 mois, afin d’envisager une grossesse et donc d’arrêter la pilule. Mais le lendemain de l’arrêt de la pilule, j’apprends que je suis enceinte. Après une échographie, j’apprends que cela fait déjà 1 mois que bébé est là, bien au chaud. J’aime ma famille, on a beaucoup d’amour et on est toujours là pour les autres quand il y a besoin. Le travail, j’y pense … Mais aujourd’hui, je ne suis plus seule. Je ne peux pas me permettre de craquer sous la pression alors je prends le temps qu’il me faut pour me consolider psychologiquement et trouver l’emploi qui me correspond.

témignage sur la phobie scolaire la devise de Camille
La devise de Camille

Merci Camille.

Si vous souhaitez lire d’autres témoignages, vous découvrirez le parcours de Marine Dujardin ici et ici, celui de Jennifer Gressier ici.

Vous pourrez consulter un petit guide à destination des parents ici

N’hésitez pas à me contacter, si vous avez vous aussi envie de partager votre chemin. Nous nous rencontrerons en visio, et je pourrai vous aider à écrire votre histoire si vous en avez besoin.

Nous aimerions bien lire des témoignages de parents qui ont accompagné leurs enfants ou qui vivent encore la phobie au quotidien.

N’hésitez pas à contacter l’association phobie scolaire, les correspondants locaux sont d’une grande aide.

Vous pouvez également prendre un rendez-vous en présentiel ou en viso avec moi via messenger si vous le souhaitez.

A bientôt

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